Mon approche

L’étape du tournassage.

Avant tout, j’aime la matière terre. J’aime la découvrir, la regarder, la toucher, la sentir les yeux fermés. Quand je façonne une pièce, j’aime sentir tout ce qu’elle offre de profondeur, d’ancrage, de stabilité. La terre incarne à mon sens l’essentiel, la simplicité, l’authenticité. C’est pourquoi, la travailler est pour moi, une manière de la révéler plus que de la transformer.

J’aime apercevoir au fur et à mesure des étapes du façonnage sa forme, sa texture, ses irrégularités, ses couleurs, ses fragilités et sa force. Il est pour moi important de respecter son aspect naturel jusqu’au bout du process.

Au final, j’aime que mes pièces soient brutes, simples et authentiques. 

Je travaille mes pièces à la main principalement au colombin avec très peu d’outils, mais il m’arrive de tourner également. Qu’elle que soit la technique, l’important me semble être le respect du temps qu’exige une pièce. Le modelage se réalise sur plusieurs jours. Je m’adapte, selon les particularités de la terre, mais également selon les humeurs de la météo, au rythme qu’elle me propose.  A chacune des étapes de séchage, je la façonne, je la pince, la polie, la touche du bout des doigts jusqu’au moment, où, j‘ai l’impression que je peux m’arrêter. Parce quelle m’émeut.

J’aime voir que la pièce terminée incarne le temps passé. Les traces de doigt, les marques et gestes répétés font son caractère et sa valeur.

Tasses modelées au pincé

Cette maturation offre un rapport au temps précieux et privilégié. Plus je consacre de temps à une pièce, mieux je peux voir ses reliefs, mettre en valeur ses imperfections, trouver finalement sa personnalité. C’est ce temps qui permet une interaction profonde et vraie entre cette pièce et moi, entre elle et celui qui se l’appropriera. Car, lorsqu’elle a trouvé son caractère, son unicité, et comme une évidence, l’émotion qu’elle procure, son souffle et sa vivacité se partagent. J’aime voir les gens sourire et s’émouvoir devant une simple tasse, trouver « leur » saladier ou « leur » bol, se les approprier, et les intégrer dans leur quotidien à travers des rituels de café méditatif ou de repas conviviaux. 

Là je me dis que j’adore mon métier !